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H&A — AFRIQUES

Mondes Noirs — Diasporas Noires

Deux numéros sont parus :

n°1 : Développement - mal développement

n°2 : Autour du politique

N°1 (2000)

Développement — mal développement

12,00 €

Lire un extrait

Editorial

Gomdaogo Pierre Nakoulima

Faut-il encore souhaiter le développement ?

René Joly Assako Assako

Réflexions sur le processus de création et de développement des villes au Cameroun

Martial Ze Belinga

La corruption afro-occidendale en Afrique : crime permanent contre le développement

Martial Ze Bellinga
Corruption afro-occidendale / profits nécophiles, prédations transnationales cryptées, destruction organique des victimes
Kashimoto Ngoy
Régime de la foi et régime de la religion régime de la religion dans la crise en République Démocratique du Congo
CARTE BLANCHE
Rosan Rauzduel
Communautés historico-culturelles en Afrique
Comptes rendus
Ouverture du N° 1 :
Terres de haines

par A. C. LOMO MYAZHIOM

A Norbert Zongo

Le troisième millénaire s'ouvre et l'Afrique bat tous les records négatifs : pauvreté, endettement, guerres fratricides, corruptions, dictatures, sida, etc. En plus de quatre décennies " d'indépendances " le tableau est sombre et les raisons d'espérer infimes, malgré les discours lénifiants de quelques stratèges flairant la bonne affaire, le bon coup sur ce continent sinistré. On ne saurait refaire à loisir le discours de l'afro-pessismisme, certes des avancées sont notables dans certains domaines (la création d'une Banque Africaine de Développement, la fin de l'Apartheid en Afrique du Sud), mais globalement tout ceci est minime. Le paysage général de " un pas en avant, dix pas en arrière " laisse toutefois dans ces zones décimées quelques îlots d'extrême richesse tenus par les agents actifs des pratiques corruptives à grande échelle, figurant toujours au sommet des Etats. Face à ces échecs répétés, il est urgent de repenser les politiques de développement, en insistant d'avantage sur une autonomie de la pensée qui met en avant deux préalables : l'établissement de l'Etat de droit et la constitution d'une société civile.

Le développement est l'avancée vers un mieux être. Penser autrement le développement, c'est examiner les entraves à l'évolution de nos sociétés qui doivent, tout en forçant l'autonomie de pensée, s'ouvrir au rythme du monde sans suivisme. Le développement dans le contexte africain actuel, de Dar-es-Salam à Nairobi, passe par une prise en compte de l'humain et le respect du citoyen dans des Etats créés de toutes pièces et figés (même si des fissures apparaissent) par le principe, édicté par l'OUA, du respect de l'intangibilité des frontières issues de la colonisation. C'est l'Etat de droit qui est la matrice de toute avancée sociale, économique ou politique. Il faut faire cesser les impunités et donner la priorité à l'éducation et à la santé " pour tous ". Nos pays ont le potentiel et les moyens de parvenir rapidement à quelque-uns de ces objectifs. Mais pour ce faire, il convient d'orienter les ressources disponibles vers les priorités essentielles, ce qui n'a pas été l'ambition des dirigeants Africains. Ces derniers profitent de l'inculture et de la misère des populations pour renforcer leur domination et leur exploitation sans vergogne. Le peuple affamé est otage. Sur ce terreau malsain, les dirigeants agitent le sceptre de la sécession pour enferrer les populations. Le peuple est prisonnier des ambitions démagogiques de quelques individus qui vivent, ici ou ailleurs, une existence de nantis, le tiers-monde n'est que le lieu où ils accumulent leurs richesses ou leur gloire avant de s'en retourner vivre en Occident. L'oppression est grande. La peur et la mortification des consciences se font par le truchement des contrôles policiers, des pratiques répressives de divers ordres : humiliations, bas salaires, difficultés à effectuer des formalités administratives, etc. Certains ne peuvent parler, car ils ont des bouches à nourrir et, par ces temps de crise, il vaut mieux être un couard vivant, qu'un téméraire mort. L'adaptation est de rigueur : tout est resolver, comme on dit à Cuba, trouver des stratégies de survie parmi lesquelles la corruption généralisée.

La corruption, parce qu'elle touche toutes les couches sociales (les uns ou les autres ont, à un moment ou à un autre, perçu directement ou indirectement de l'argent sale), renforce les dirigeants kleptocrates et prédateurs dans leurs positions. La révolte s'éloigne toujours. La santé et l'instruction sont abandonnées, les fonds disponibles sont investis dans des oeuvres d'apparat... le clinquant et le superflu ou dans les forces armées.

En matière de coopération internationale, il importe de sortir des logiques caritatives de développement, qui mènent l'Occident à établir des opérations en Afrique qui, en définitive, ne servent qu'à renforcer la domination. Cette vision caritative repose sur un fondement moral de l'aide au développement. Fondement qui peut être résumé par ce triptyque : 1. les riches doivent assistance aux pauvres ; 2. les riches doivent réparation aux pauvres ; 3. les riches doivent prévenir la violence des pauvres (cf. Jean-Marie Domenach, Aide au développement, obligation morale ?, Centre de l'information économique et sociale des Nations Unies, New York, ONU, 1971). Au final, c'est aider pour s'aider soi-même... comme l'envisagent les multinationales partenaires tardifs de la lutte contre le Sida dans le tiers-monde. Pour sauver leur force de travail mourante, elles sont contraintes d'investir dans un fond thérapeutique. Dans cette logique, les dominés continuent, alors, allègrement de pratiquer la politique de la main tendue, oubliant que " le singe qui imite l'autre singe est toujours en retard d'un geste ". Ce qui s'impose dans nos sociétés, c'est une libération des esprits, une prise de conscience réelle de nos potentialités et capacités. Cent cinquante années de domination étrangère ont annihilé toute capacité de création, plongeant les Africains dans un mimétisme pâle, un déroutant mélange de passivité et de parasitisme. La culture de l'effort est très peu partagée, les travailleurs sont marginalisés, la facilité et la criminalité prennent le dessus... Nombre d'intellectuels africains et d'acteurs économiques sont contraints à l'exil, avec sa forme la plus atroce : l'exil intérieur. L'impuissance rime avec le désespoir transformant des centaines de milliers de personnes en loques humaines. Entre le Tchad et l'Afrique du Sud, vit 3% de la population mondiale et c'est dans cette zone que se concentre 65% des séropositifs et un nombre déroutant de guerres fratricides. Alors quel espoir ? Quel espoir lorsque les " intellectuels " africains sont les meilleurs alliés des pouvoirs autoritaires ? La lâcheté des intellectuels ne peut être un encouragement à la contestation. Au contraire. Dans plusieurs pays, l'université est le vivier des idéologues des régimes liberticides et mortifères.

Dans ce numéro, nous nous interrogeons sur les fins du développement et les manières de le faire ; nous entrons également dans les univers maffieux et mystiques qui criminalisent les Etats, asphyxient les peuples, freinent les avancées.

A. C. Lomo Myazhiom
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